Territoire(s)

Territoire(s)

 

« Territoire » est devenu un terme générique récurrent dans le paysage médiatico-politique après avoir congédié la « Province » et mené une lutte sans merci contre la « Région ». Mais l’association Sguardi, le parant d’un potentiel pluriel, propose de le creuser, de le labourer, de l’explorer, en un mot de l’approfondir pour lui conférer son véritable horizon.

Le territoire – notre territoire – est celui que l’on foule, que l’on arpente, avec lequel le contact physique est une figure imposée par la gravité. Le territoire, c’est celui que l’on voit de nos propres yeux ou à travers le regard des autres, c’est celui de la mémoire, des souvenirs, des rires et des cicatrices. C’est encore un concept idéalité, fantasmé mais par lequel, selon Platon, on appréhende le réel. Le territoire est à la fois une appropriation imaginaire, le lieu de ses racines, l’appartenance à une géographie, à une histoire, à une culture, à une famille, à un métier, à une religion. L’argile de notre moulage identitaire. Le lieu de la pensée et la pensée du lieu. Le territoire se situe aux antipodes avec autant de justesse, tantôt port d’attache tantôt mythe du retour.

La pluralité d’approches établit la légitimité du titre de l’exposition : le recours au pluriel n’a rien de singulier.

La Corse est un territoire qui a la particularité d’être une île. Le cheminement bifurque. C’est une entité plus complexe, plus recluse, plus nombriliste circonscrite par une mer amniotique pour la nourrir et la bercer. Être d’un territoire, c’est une chose ; être d’une île est différent, ça relève d’un subtil mélange de fierté et de générosité, d’ouverture et d’introversion, d’altruisme et de narcissisme. Être de Corse, c’est avant tout une affaire de patience.

L’idée de confier le regard sur ce territoire insulaire à un Corse de l’intérieur profond et à des photographes d’ailleurs, est un pari audacieux mais ô combien fascinant. C’est un miroir qui nous est tendu. Le miroir nous réfléchit et réfléchit sur nous et sur notre condition. Il révèle l’analogie à notre environnement, nos routes, nos sentiers, nos montagnes, nos côtes, nos paysages intérieurs.

En cela, le plateau artistique de « Territoire(s) » est idéal.

Jean-Marc Raffaelli, association Sguardi

Christian Buffa, commissaire de l’exposition

 

 
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